Pauline ROLAND
(1805-1852)

Institutrice, socialiste, féministe et militante

Pauline ROLAND est née le 07 juin 1805 à la Falaise, en Île-de-France, de parent à la direction d’un bureau de poste. Son père meurt alors qu’elle n’a qu’une année.

Très soucieuse de l’instruction de ses deux filles, sa mère les confits jeunes à un précepteur, DESPREZ, qui l’initie à la littérature et à la philosophie. Il l’initie également au Saint-Simonisme, un courant philosophique et religieux égalitariste auquel elle se convertit au grand damne de sa mère qui chasse DESPREZ en l’apprenant.

Elle devient institutrice à Paris et rencontre Suzanne VOILQUIN, responsable de la revue La Femme Nouvelle (premier journal féministe en France) auquel elle collabore activement. Elle rédige également des ouvrages scolaires sur l’Histoire de France et sur l’Histoire du Royaume-Uni.

Portrait apocryphe de Pauline Roland en 1830 à la Falaise. Parus dans l'Histoire du socialisme de Benoît Malon. ©Musée social, Paris. Cl. J.-L. Charmet.

Sa rencontre avec Pierre LEROUX, théoricien du socialisme et Saint-simonisme tous comme elle, marque un tournant dans sa vie. Il devient son ami, elle participe à la rédaction d’articles sur l’histoire et la géographie de l’Encyclopédie nouvelle.

En 1847, elle rejoint la communauté fondée par Leroux à Boussac (Creuse). Pauline est directrice de l’école de la colonie « où elle va pouvoir appliquer son programme égalitaire ». Elle collabore à la Revue sociale et à l’Éclaireur de l’Indre.

Pauline Roland donne aussi des leçons, et, en 1848, elle se trouve en tête du club des Femmes et à l’avant-garde des enseignants républicains et socialistes.

Pauline retourne à Paris et s’associe à Jeanne DEROIN pour fonder l’Association des instituteurs et institutrices socialistes. Elle préconise la généralisation des crèches, l’éducation des enfants par l’État et non par l’Église. C’est à cette période que les deux femmes qualifient Limoges de « Rome du socialisme » dans une lettre adressée aux ouvrières de lingerie de Limoges dans laquelle, elle écrivent « Chères sœurs, vous êtes dans la ville sainte du socialisme, une ville réellement plus avancée dans la pratique et la théorie révolutionnaire que nous ne le sommes généralement à Paris. » Jeanne et Pauline sont arrêtées, puis accusées de « vouloir renverser l’ordre bourgeois », elles sont incarcérées.

Elle s’intéresse avec Jeanne DEROIN et Gustave LEFRANCAIS, en 1850, à l’Union des Associations ouvrières. Elle a fait partie de sa Commission centrale. Le pouvoir sait ce que représente l’Union, à la fois comme comité intersyndical et comme organisme de liaison entre les sociétés ouvrières de production, nées après la révolution de Février à l’instigation de Louis Blanc. Perquisitionnée le 29 mai 1850, l’Union succombe sous un procès, et avec elle les sociétés ouvrières de production qui ont pu tenir jusque-là.

Alors que la plupart de ses amis sont partis à l’étranger à la suite du Coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte du 10 décembre 1851, Pauline décide de rester à Paris. À nouveau, elle est arrêtée le 06 février 1852. On l’accuse d’avoir participé à l’insurrection. Lors de son procès, elle est condamnée et envoyée en déportation en Algérie. Pauline finit par obtenir son retour en France, mais elle meurt épuisée à Lyon le 16 décembre 1852.

Pauline ROLAND vu par ses contemporains.

Elle ne connaissait ni l’orgueil ni la haine Elle aimait. Elle était pauvre, simple et sereine Souvent le pain qui manque abrégeait son repas. L’esprit le plus farouche aimait sa voix sincère [….] Le mal brisait sa vie et grandissait son âme. Grave elle répétait : Il est bon qu’une femme Dans cette servitude et cette lâcheté Meure pour la justice et pour la liberté.

Victor HUGO, « Pauline Roland », Les Châtiments

Elle est morte, Pauline, morte la noble femme que aimions tant. Elle est morte pour les serfs des champs et des ateliers.

TREMBLAY, ouvrier typographe.

Nous avons connu la femme-auteur, la philanthrope, la prêtresse systématique de l’amour, la poétesse républicaine, fouriériste ou saint-simonienne ; et nos yeux, amoureux du beau, n’ont jamais pu s’accoutumer à toutes ces laideurs compassées, à toutes ces scélérates-impies, à tous ces sacrilèges, pastiches de l’esprit mâle

Charles BAUDELAIRE

Pauline Roland, cette tête exaltée et généreuse qui avait les illusions d’un enfant, le caractère d’un héros ! Cette folle, cette martyre, cette sainte…

George SAND

La femme libre est morte ! La bête est morte mais le venin ne l’est pas.

Ernest LEGOUVÉ, professeur d’histoire morale de la femme au collège de France.

Dans Pauline Roland ou comment la liberté vint aux femmes, Paris, Le Livre de Poche, 1993. de  Benoîte GROULT.

Bibliographie

Noëlle DAUPHIN, George Sand. Terroir et Histoire, Presses universitaires de Rennes, 2006 (dans le chapitre rédigé par Claude Latta : « Georges Sand – Du Berry au Limousin : Georges Sand, Pierre Leroux, Victor Borie, Grégoire Champseix, Pauline Roland et les autres », p. 123-139)

Le Maitron : notice ROLAND Pauline [ROLAND Marie, Désirée, Pauline] , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 novembre 2020.

Édith THOMAS, Pauline Roland, socialisme et féminisme au XIXe siècle, CNRS et Librairie Rivière, 1956.

Flora Tristan, George Sand, Pauline Roland, les femmes et l’invention d’une nouvelle morale, textes réunis par Stéphane MICHAUD, Paris, Créaphis, 1994, 110 p.

Réalisation de Lucille MAUREL pour PR2L, mars 2022. Avec le soutien technique de Baptiste RAMAS et des bénévoles de l’assocation.